OEUVRE 1997

27 avril 2008

Paysage

Sombre mannequin désarticulé

la marionnette peut

vomir, cracher, hurler, péter

que ton squelette soit roi

la nuit pendue contre ta paroi

déshabilles-toi.

Montres-leur que toi aussi tu peux bander

à ton manche de bois sperme de soi.

Innocente créature au bout d'un fil

qu'une main dérangée manipule, tyrannise

joyeuse fête, je ris.

Tu veux aller à gauche

sans que l'on te mène de force à droite.

Réagis contre ton poids

sors le soir de ton bois

laisse ton fil de soie

et barre toi.

Philippe E. Rousseau

Oeuvres

Liberté , égalité ,fratrenité

technique mixte sur toile

180x180 cm

1997

Oh ! Les Marat

Technique mixte sur contreplaqué

180 x 180

1997

C'est peut-être l'angoisse qui dévore et fait saigner le cœur. Ces couleurs grisâtres créent un vide et s'étendent vers un crépuscule triste, entouré d'un paysage trouble et féroce. Semblable au poète qui perd son fil dans un labyrinthe, Rousseau feint de laisser son œuvre mourir sans raison, mais il ressaisit immédiatement le masque qui en émerge. Il vulgarise et cerne objets, gens, signes, rituels et même l'amour, pour les dépouiller de leur âme et leur donner un aspect amer. Comme un ballon troué qu'on retourne pour l'examiner de l'intérieur, le corps humain est exploré et disséqué pour y trouver puanteur et laideur. Mais est-ce le néant que Rousseau recherche? S'il parle d'amour, le cœur ne bat pas. Mais quand il fait allusion à la violence, cette pompe à sang se brise et brûle jusqu'à ce que la cendre blanchisse la braise. Quoi de plus proche de sa peinture que ces vers d'Aragon:

Ne puis-je donner de la douleur Tourmenter N'ai-je pas à mon tour le droit d'être féroce N'ai-je pas à mon tour droit à la cruauté

Ah faire un mal pareil aux brisures de l'os Ne puis-je avoir sur autrui ce pouvoir atroce N'ai-je pas assez souffert assez sangloté

Cette cage des mots il faudra que j'en sorte

Et j'ai le cœur en sang d'en chercher la sortie Ce monde blanc et noir où donc en est la porte

Je brûle à ses barreaux mes doigt, comme aux orties Je bats avec mes poings ces murs qui m'ont menti Des mots des mots autour de ma jeunesse morte

L'amour qui n'estpas un mot Le Roman inachevé

XAVIER BRAY